Chronique du prof - lundi 15 février
Lundi 15 février
Pour nous autres, français de France, la parlure québécoise demande un petit temps d’adaptation. Mais dans la mesure où nous ne sommes pas durs de la comprenure, c’est juste un bon coup à donner. Les franco-ontariens qui nous accueillent sont une minorité dans la minorité et ils défendent becs et ongles leur culture et leur langue. A la différence des québécois ultra majoritaires au sein d’une province puissante de la fédération canadienne, les francophones de l’Ontario ne représentent qu’une infime minorité de la population de leur état et sont par conséquent extrêmement vigilants quant à la préservation de leur particularisme linguistique.
On trouve de tout dans la langue d’ici : des expressions anciennes issues des patois et dialectes des pays de France d’où étaient originaires la majorité des immigrants français, des vocables soutenus provenant de la langue des élites parisiennes et de la cour de Versailles aujourd’hui remisés dans les dictionnaires chez nous (dispendieux), des mots créés à partir des langues amérindiennes (caribou, poulamon, carcajou), des termes plus ou moins francisés empruntés à l’anglais ou à l’américain (djokeur, scratcher, bizneuss, pinotes). L’ensemble est rehaussé avec chaleur par ce fabuleux accent qui s’attarde sur les voyelles et fait rouler les consonnes et qui ajoute des «tu» à la fin de chaque question.
Aujourd’hui par exemple nous avons pris une marche à travers Montréal après avoir débarqué du char laissé en stationnement parce que notre hôte André avait chauffé plusieurs heures depuis Québec. Termes et expressions collectés au cours de notre séjour seront proposés sur ce blog
Tantôt, nous retrouvons nos 24 gosses pour une escapade en patins sur le fameux canal Rideau. Sans doute auront-ils beaucoup à raconter après 4 jours complets passés au sein des familles. Espérons qu’ils n’auront pas trop la guédille au nez à cause du froid!
Toujours pas de neige à l’horizon et les deux à quatre centimètres annoncés presque chaque jour par les prévisionnistes locaux sont vite passés par pertes et profits. Nos amis canadiens sont ravis d’avoir mars en février et évoquent des conditions météorologiques exceptionnelles. Il est vrai qu’il fait particulièrement bon : -7 degrés ce matin à 9h. Oublions donc cette délicieuse coulée glaciale qui s’insinue dans la nuque dépourvue de foulard, négligeons cette douce bise qui vous désole la moindre surface de peau laissée à découvert et savourons ce climat tempéré extrême. Évidemment ce n’est pas la tempête tant redoutée ni le blizzard qui vous fait la gueule carrée, non, il ne s’agit ici que d’un simple courant d’air qui pousse plusieurs fois par jour les visiteurs à consommer d’infâmes cafés – c’est mon cas- ou de la bière locale…. apparemment goûtue si j’en crois les commentaires des spécialistes.
Cependant, froidure n’est pas froideur et les gens d’ici nous le démontrent un peu plus amplement chaque jour.
Ce fut une belle journée, urbaine et instructive.
A demain
DR