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Chronique des profs n°7

Publié le par Saintex

Le tube de l'hiver

 

Le soleil n'avait pas rendez-vous avec la neige aujourd'hui et nous avons dû composer avec un ciel gris et triste durant la plus grande partie de la journée. A neuf heures, nous quittons l'école à bord de nos bus peints au cumin en direction du Parc de la Gatineau et de la petite station de ski "Edelweis". Ce ne sont pas les 18 pistes de ski alpin qualifiées de" pas trop difficiles" qui nous intéressent mais bien plus les pentes dévolues à la glissade. Ici, la luge à la mode c'est la grosse chambre à air de camion dans laquelle on s'assied les jambes en avant (en prenant garde que le postérieur ne serve pas de frein en frottant la neige). A Edelweiss, pas de bouée pour deux ou quatre voire pour huit à l'image de ce que nous avions connu les années passées sur le Mont Saint-Sauveur, non, rien que des des chambres (à R ) individuelles que l'on pouvait associer en appartement. Dans cet exercice, nos collègues canadiens sont des experts, capables d'entamer une descente à quatorze bouées, le passager de devant tenant fermement les pieds de celui qui le suit. Glissade à la queue leu leu, descente en tourbillonnant, plongée en solitaire ou côte à côte, nos élèves accompagnés parfois (mais pas toujours) de leurs correspondants ont décliné toutes les facettes de cette activité particulèrement ludique. Il est vrai que les vertigineuses pentes de cet amphithéâtre collinaire (200 m de dénivelé tout de même !) se prêtent tout à fait au dévalement de tribus de collègiens canadiens et français qui hurlent de la première poussée du départ à la dernière bosse.

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Nous avons commencé à descendre avant le repas et poursuivi après le repas sauf Mathis qui attendait ses copains qui lui avaient fixé rendez-vous au pied de la pente.....mais sont allés manger dans la salle de restauration en l'oubliant. Pas grave, Mathis est allé chercher ses deux compères en haut puis, n'ayant naturellement trouvé personne, a décidé de glisser tout seul. Rassurez-vous, Mathis mangera bien, oui, mais à plus de 15h, à l'école!

Nous avons des associations heureuses et inséparables même au fond de grosses bouées telles Amélie et Celia sa correspondante ou Valentin (qui est tellement fier de son blouson rouge qu'il ne porte pas d'anorak pour jouer dans la neige) et Sébastien ou encore notre discrète Andrea et Jenna. Adrien quant à lui, bien que privé de son jumeau retenu à l'école par un bras plâtré, s'est trouvé toute une équipe de cascadeurs canadiens de la classe de 8e qu'il n'a pas quitté de la première à la dernière glisse!

D'autres binômes se sont rapprochés le temps d'une ou deux descentes puis séparés puis retrouvés. Les garçons, français et canadiens, ont multiplié les combinaisons et la composition des équipes constituées au sommet de la pente changeaient souvent au gré des rencontres réalisées dans la file d'accès au tapis roulant qui transporte les tubeurs en haut à la vitesse d'un cancre qui se rend en classe.

 

A 14h, il faut rapporter les bouées au dépôt et c'est là que, sans aucune raison, Léa C tente d'arracher par la force sa chambre à air à son professeur d'histoire-géographie qui ne lui a (encore) rien fait. Devant la résistance de leur malheureux enseignant, Léa C fait appel à une complice prénommée Lia qui s'arc-boute à son tour à ce pauvre tube qui ne la connaît même pas. Le professeur en état de légitime défense abandonne alors brutalement l'objet de leur convoitise et elles roulent dans le tas de bouées derrière elles. Dépitées, elles ne lâchent pas l'affaire et s'acharnent contre leur victime en le bombardant de boules de neige. Il s'ensuit une bataille terrifiante qui s'achève par la déroute des agresseurs, et notamment la chute de Lia dans un fossé. Non mais!

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Au retour, le bus trouve un chemin plus rapide qui nous ramène à l'école en évitant les traditionnels embouteillages du milieu d'après-midi. Les élèves sont ravis de leur première expérience du tube canadien et les esprits restent un peu échauffés. La journée n'est pourtant pas finie car nous avons des heures supplémentaires à assurer ce soir.

Nous laissons les élèves à 15h30 pour les retrouver au départ des bus spéciaux à 17h30. Il neigeote toujours. Tout le monde doit porter son blouson rouge sous son anorak car nous allons nous perdre dans la foule des grands soirs à Ottawa. Tout le monde ? Non, Kim et Maëlle résistent encore et toujours à la consigne et circulent sans manteau par quelques degrès sous zéro.

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Ce soir les Senators d'Ottawa affrontent sur la glace de l'aréna les Sabres de Buffalo (NPHG: ville des Etats-Unis, située dans l'ouest de l'état de New York près du lac Erié). Comme toujours, des milliers d'Outaouais migrent à travers leur ville pour rejoindre la patinoire. Le hockey sur glace est un bastion de la culture canadienne, anglophone comme francophones et les matches de la NHL sont suivis avec passion. Plus encore quand l'adversaire est originaire du grand pays voisin, rival séculaire des joutes sur glace.

Nous sommes déjà venus assister par deux fois à un match des Senators. Deux occasions, deux défaites nettes et avec bavures (celles du gardien!)

M'sieur, ils sont bons le senators d'Ottawa ? Ben euh......!

 

Mais ce soir, c'est différent. Ce soir nous avons Adrien qui hurle à pleins poumons comme s'il avait été formé par les choeurs des stades de rugby du pays de Galles. Nous avons Lisa qui s'offre une "cotton candy" rose vite dévorée par une nuée de voisins avides et gourmands. Nous avons Siona et Mathilde qui s'immergent à fond dans la culture canadienne en huant l'équipe "étrangère". Nous avons Léa R qui a repéré le stand des pop corn où elle va faire le plein périodiquement. Nous avons Thomas R qui arbore fièrement le maillot officiel de l'équipe locale comme beaucoup de ses camarades équipés pour l'occasion par les familles de leurs correspondants. L'ambiance est à la fête. Certes "les Go, go, Sen's, go!" sont d'un modeste volume sonore et guère synchronisés. Il est vrai que le jeu brouillon des joueurs d'Ottawa ne suscite pas l'enthousisasme des gradins. Nos collègiens crient surtout par mimétisme et pour faire plaisir à monsieur Christian dont ils voient bien la détresse devant la médiocrité tactique affichée par les Senators. Au premier but qui délivre Ottawa un peu contre le cours du jeu, nos 25 néo-supporters se dressent en hurlant comme un seul homme. Au deuxième qui survient quelques minutes plus tard, ils redoublent d'énergie. Voilà, c'est fait, ils ont contracté un des virus les plus répandus ici au Canada, la hockeyoïde aigüe qui affecte surtout les cordes vocales et les estomacs réfractaires à la poutine que l'on va chercher entre chacune des trois périodes du match. C'est d'ailleurs pendant la première d'entre elles, alors que 80% de nos lascars étaient partis se remplir le ventre et se vider le porte-monnaie que l'écran publicitaire géant à quatre faces suspendu au dessus de la patinoire affiche -en français- un sympathique message de bienvenue qui nous est destiné, nous les élèves et les professeurs du collège Saint-Exupéry de Marolles en France. Siona qui est pratiquement la seule de notre gang qui n'ait pas quitté les gradins n'en revient pas:" C'est pour nous ! Le message est pour nous ! Vous vous rendez compte, c'est pour nous !" En effet, la requête de monsieur Christian a été prise en compte cette année. Quelle soirée, quel accueil !

Au terme du match, l'équipe d'Ottawa l'emporte par deux buts à zéro grâce surtout à l'exceptionnelle performance de leur gardien qui a stoppé 100% des 42 tirs adverses!

Nous ramenons les 50 correspondants à l'autobus qui les reconduira d'ouest en est jusqu'à Orléans.

Il est 22h30. Il neigeote encore et toujours mais les Sénators ont gagné. D'après notre collègue canadien, cela change tout et on peut se coucher serein.

Cela tombe bien car la fatigue du séjour commence à se faire sentir. Quelques petites mines réclament du sommeil.

 

Ce fut une bien belle journée typiquement canadienne.

Demain est un autre jour.

 

 

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