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Neige à tout va.

Publié le par Saintex

6e saison Mercredi 4 février 2015

Chronique des profs n°5

Un tube, au Canada, c’est une chambre à air de tracteur ou de camion mais sans le tracteur et le camion.

Les troupeaux de tubes sont traditionnellement parqués la nuit dans des enclos et libérés le jour pour qu’ils puissent gambader dans les blancs pâturages des montagnettes québécoises. Chaque tube possède un ou plusieurs bergers, souvent jeunes, qui l’accompagnent sur les versants. Rituellement le pâtre du moment hisse son tube qu’il tient par la main jusqu’au modeste sommet en empruntant un tapis roulant, façon métro à Montparnasse mais sans les publicités. Ensuite, le jeune berger, Canadien le plus souvent, mais Français une fois par an, se cale l’arrière-train dans le fond de la bouée et se jette dans la pente. Souvent les tubes qui ont un instinct grégaire se rassemblent au départ et ce sont cinq, six ou huit diablotins des deux sexes qui dévalent les pentes en hurlant et en riant. A l’arrivée, les tubes n’ont qu’une hâte, remonter jusqu’au sommet avec leurs gardiens parmi lesquels on compte quelques sujets plus âgés appartenant aux corps professoraux ontariens ou français. Tout le monde a les mains glacées, le visage mordu par l’air froid et le postérieur rafraîchi puis franchement congelé au bout de la dixième descente. Mais c’est fun !(1)

Neige à tout va.
Neige à tout va.
Neige à tout va.

Aujourd’hui, comme hier et avant -hier, il neige ! Pas quelques malheureux flocons à la mode parisienne, non, une douche de neige, une sorte de cascade de cristaux qui surprend nos amis Canadiens par sa densité. Les routes sont congestionnées (1) et certains automobilistes pourtant équipés de pneus d’hiver sont allés surfer sur les hauts talus formés de la neige rejetée par la noria de machines qui tournent nuit et joue dans Ottawa. Point positif ; il fait bien plus doux que les jours précédents. Au Canada, comme monsieur Cléroux l’a expliqué à Elodie, le soleil d’hiver c’est le grand froid, la grisaille et la neige signifie des températures plus clémentes, autour de moins 10°C. Nous sommes chanceux (1)

Une palanquée de bus jaunes blanchis stationne devant l’école Gisèle Lalonde. C’est qu’aujourd’hui a lieu la traditionnelle sortie de la plupart des classes de l’Intermédiaire, c’est-à-dire des classes de 7e et de 8e qui correspondent à nos 5e et 4e. Evidemment, les petits Français sont de la partie ! Direction la station Edelweiss au Québec où nous attendent les joies des jeux d’hiver, version canadienne.

Comme il se doit pour arriver aux tubes, il nous faut passer l’obstacle du bouchon. Avec la neige qui s’accumule, les conditions de circulation sont dégradées et il faut plus d’une heure pour nous rendre sur les pistes.

Neige à tout va.Neige à tout va.Neige à tout va.

Le temps de distribuer les passes, de déposer les sacs et les boîtes à lunch dans la grande salle du centre qui reçoit les amateurs de glisse (il y là quatre chaises (2) et une vingtaine de pistes de ski en incluant les variantes) et notre contingent de jeunes Ontariens se rue vers l’enclos à tubes noirs. Par chance seule notre école a fait le pari de la sortie. L’extrême froidure des jours précédents a conduit nombre d’établissements à renoncer à leur escapade annuelle.

Trois cent ou trois cent cinquante étudiants (1) qui se précipitent pour emprunter le tapis roulant leur énorme bouée dans les bras ou autour du cou, cela représente une longue lignée (1) et le temps d’attente est considérable à la montée. La descente par contre est très rapide. Prendre des photographies de nos joyeux glisseurs français est une gageure ! Impossible de repérer qui est qui dans le nuage de neige soulevé par les chambres à air aussi rondes que circulaires mais parfaitement aérodynamiques, à travers le brouillard de flocons qui s’appesantit sur le paysage et parmi des silhouettes indistinctes sous les bonnets, les écharpes, les cagoules, les capuches et les masques de ski. Alors, le profographe mitraille au hasard désespérant de reconnaître l’un de ses élèves dans les assortiments de tubes qui dévalent les pentes. Eva fuse sur la gauche. Trop tard, malgré son manteau coloré qui favorise l’identification, elle a surgi bien trop vite et Alexia avec elle. Lucas, William et Donovan le correspondant de Colin sont en revanche aisément localisés grâce à ce dernier dont la combinaison de ski, flashy à souhait, attire immanquablement les regards.

Neige à tout va.Neige à tout va.Neige à tout va.

On devine Lorris dans l’anorak bleu qui passe à droite et qui échappe à la vue dans la petite combe qui précède l’arrivée. Séveriane se plaint que ses copines aient demandé au pousseur, là- haut sur la colline, de les propulser assez fort pour qu’ils aillent bien vite : « qu’est-ce que j’ai eu peur » ! dit-elle avec un grand sourire.

Jean est très satisfait car il a descendu par trois fois la piste la plus raide mais aussi la plus excentrée, ce qui a impliqué un effort physique supplémentaire de sa part, effort qui se traduira par un endormissement prématuré pendant le trajet du retour.

Certains petits malins ont opté pour un dîner (1) précoce, imaginant à juste titre que l’appel du ventre viderait les pistes de leurs glisseurs en chambre à air (des aéroglisseurs ?). Mathilde M, Rose ou encore Léa G ont pu ainsi profiter en toute tranquillité des pistes sans perdre de précieuses minutes dans la file d’attente.

Pour gagner le tapis roulant, Léa F et Cindy portent leur tube en collier, tandis qu’Anna et Mathilde L ont adopté un galop régulier, une jambe dedans, une jambe dehors.

Et il neige toujours. Il neige tant que le départ est avancé de trente minutes. Bien en a pris à nos collègues canadiens car il nous faudra plus d’une heure et demie pour retourner à Orléans. Et encore, deux des bus, enquillés derrière les déneigeuses arriveront en retard de telle sorte que neuf de nos élèves ne pourront prendre le ramassage scolaire du fait de l’absence de leurs correspondants.

Dans le car, les élèves, Français et Canadiens, rivalisent pour faire un maximum de bruit. Jules nous démontre ainsi sa maîtrise des aigus mais force est de reconnaître qu’aujourd’hui les capacités de nuisance vocale étaient également partagées.

Ce fut une belle journée, animée et active, à marquer d’une pierre blanche.

Monsieur DR

Neige à tout va.
Neige à tout va.
Neige à tout va.
Neige à tout va.
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L
... que dire après un si beau récit, si ce n'est encore des mercis aux professeurs !.....
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E
Merci pour ces textes, ces récits si vivants qu'on s'y croirait ! Quel beau travail de la part des professeurs, quelle belle littérature ! Merci, merci et encore merci. Nos enfants nous manquent, mais eux s'éclatent, et c'est bien pour cela qu'on vous les a confiés. Pour qu'ils soient heureux et enrichis de belles rencontres, de belles découvertes et de nouvelles expériences. BRAVO !
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E
Les chroniques de M. DR sont un élément incontournable de ce voyage. Je les attendais chaque jour avec impatience (il y a un an) ! <br /> Je suis devenue tellement fan, qu'un an après, me revoilà sur ce blog à les lire de nouveau. <br /> C'est un vrai plaisir pour les parents ! Quel merveilleux voyage ! Et quel formidable trio de profs ! <br /> Une maman nostalgique
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M
Quel plaisir de vous lire chaque matin avant de partir pour une journee de travail . Les vacances avant l'heure avec en plus une prose drole à mourir de rire .on a vraiment l'impression de vivre les évènement à vos cotés . Merci une fois de plus de ce travail que vous faites pour nous et qui réchauffe nos coeurs quelques peu lésé en ce moment par l.absence de nos enfantst . Mathilde est rayonnante et
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