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Clap de fin

Publié le par Saintex

ÉCHANGE FRANCO-CANADIEN 2023-2024

Jeudi 8 février 2024
 
Chronique n°13

Clap de fin

Si un adolescent se définit comme  un individu  récemment pubère et convaincu de détenir de nouvelles hormones, s’il est persuadé à ce titre de devoir se coucher le plus tard possible en faisant du bruit, alors aucun doute nous en avons convoyés quelques-uns ici au Canada.
Parce qu’hier soir dans la chambre qu’ils partageaient à la douzaine, nos Schtroumpfs mâles se sont égarés loin des chemins du sommeil. Dépourvus de leur appendices électroniques pris en otage par leurs enseignants, ils ont redécouvert les vertus  des bavardages nocturnes infinis et en direct. Les filles, pour leur part, épuisées par un éveil précoce, une longue marche dans les rues de Québec, avaient rendu les armes bien plus tôt.


Pourtant, à 7h00 quand monsieur Legay a descendu les deux étages avec le secret espoir de tirer du lit une bande d’élèves ahuris, les yeux confits de fatigue, il a déchanté : les douze porteurs d’hormones sont hors-norme. Debout, habillés, valises pratiquement closes, ils étaient prêts. À l’exception de deux traînards, Clément et Maël J. qui ont souvent fait la démonstration d’un talent inné en la matière depuis notre arrivée. Disons-le franchement, Maël ne possède pas tout à fait un sens naturel de l’anticipation. En revanche, c’est un poursuiteur-né : à la sortie d’un restaurant, à la descente du bus, en quittant un musée, Maël court et court encore après le groupe. Ce qui explique fort bien sa propension à oublier ses choses (ses affaires). Ainsi est-il le seul Schtroumpf non homologué pour notre voyage du retour puisqu’il a laissé son chandail bleu dans sa chambre à Ottawa.

Nous partons en quête d’un lieu où petit-déjeuner. Comme hier soir, frappé d’une sorte de tropisme, la majorité du clan bleu opte pour Mc Do tandis que sept autres accompagnent les profs dans une boulangerie-chocolaterie qui propose viennoiseries, baguettes et autres beignets canadiens. Nous remercions ici Eléa et Dorian qui nous font profiter de leurs repérages de la veille.

Nous sommes attendus dans l’ancienne caserne britannique sise sur les plaines d’Abraham à 9h. Là deux officiers supérieurs des armées des rois de France et d’Angleterre nous attendent.

Leur mission ? Présenter le déroulement de la bataille de 1759 qui aboutit à la perte de la Nouvelle-France par la France quatre ans plus tard avec la signature du Traité de Paris. Le Marquis de Montcalm et son homologue britannique le Lieutenant-colonel James Wolfe nous font le récit de l’évènement puis initient ceux qu’ils qualifient de paysans, c’est à dire nos élèves, au maniement des fusils et du canon de six livres. Divisés en quatre groupes, les collégiens de Marolles, commencent par apprendre le garde à vous et prennent plaisir à taper du pied gauche. Thibault, Ilan, Kenan et Clément se portent volontaires et apprennent les douze étapes du chargement d’un fusil ou plutôt une copie en plastique d’une arme de l’époque. Confessons que Kenan a manqué la dernière en laissant tomber la baguette qui sert à bourrer le fusil. Léane et Louane sont les premières demoiselles à monter sur le plateau de démonstration accompagnées de Dorian et de Mathys qui ne voulait pas participer mais qui y fut contraint par le Marquis de Moncalm lui-même.

Clap de fin
Clap de fin
Clap de fin
Clap de fin
Clap de fin
Clap de fin

La performance des uns et des autres est relevée par les deux officiers et des points sont attribués à leurs équipes respectives. Après l’arme individuelle, apprentissage de l’artillerie : canon en laiton, boutefeux, dégorgeoir, valets, bourre, boulet ...la leçon d’abord théorique devient pratique et les bleus entrent en compétition pour réussir le chargement le plus rapidement possible mais en respectant les consignes de sécurité. Le public est incité à soutenir son camp. Le message est bien passé et les hurlements envahissent la salle. Pour autant nous sommes déçus car nos collégiens ne hurlent pas en canon. 

Clap de fin
Clap de fin
Clap de fin
Clap de fin
Clap de fin
Clap de fin

Avant-dernière activité, identifier plusieurs objets d’époque, relatifs aux armes manipulées ….ou non. On nous montre un bel instrument de trépanation et puis Enola est invitée à monter sur la scène. Elle doit endosser un manteau rouge de fantassin anglais et, sous le nom de Georges Williamson, subir une amputation de sa jambe gauche qui a reçu une balle française qu’on ne peut extraire. La mutilation est inévitable. Le temps est compté, cinq minutes au maximum, et le matériel chirurgical rudimentaire : un long couteau recourbé pour les veines, un grand couteau de chirurgien pour les tendons, la scie pour les os. Enola hurle de douleur entre deux éclats de rires. La trousse du médecin a de quoi effrayer. Il paraît que la moitié des patients meurent sous l’opération. Notre courageuse est heureusement toujours avec nous ce soir. Quel courage ! 

Clap de fin
Clap de fin
Clap de fin

Nous retrouvons l’autocar qui nous attend devant l’hôtel. Départ pour les chutes de Montmorency dès que Maël J. nous aura rejoints.

Il fait beau aujourd’hui et les chutes resplendissent mais elles ont perdu leur habituelle carapace de neige. Emy-Line subjuguée la préfère à celles du Niagara qu’elle a eu la chance de découvrir au début de notre séjour. Moins large mais plus haute, tel est son verdict. Nous grimpons sur la passerelle qui domine la cascade. Un dernier moment de contemplation, de prises de photographies individuelles et collectives, de jeux aussi. Notre grand gaillard de Nolhan, courageusement, glisse de la neige glacée dans le cou de Clément dont le gabarit ne lui permet pas de résister franchement. Lucas fait pareil et assaille traîtreusement son professeur d’Histoire-Géographie. L’absence de neige fraîche freine considérablement les tentatives de bataille et nous reprenons le chemin de l’autocar.

Quatre à Cinq heures de route pour Montréal avec un arrêt pour manger sur une aire autoroutière. Au choix Saint-Hubert ou McDo encore et  toujours. Les profs tournent le dos au mac avec une escorte réduite, le restant de la tribu schtroumpf choisissant sans surprise l’enseigne californienne.
Clément et Maël J. montent après tout le monde dans notre autocar de croisière. Certains embarquent leur repas qu’ils n’ont pas eu le temps de consommer tant la ligne (la file) est longue de l’autre côté de la frontière.

Nous sommes arrivés largement en avance à l’aéroport. Un peu de confusion au moment d’enregistrer les bagages aux bornes dédiées, un détour aux toilettes avant de franchir les contrôles de sécurité et puis biiiiip monsieur Renault fait retentir l’alarme car il a oublié une boite métallique dans sa sacoche. Emy pour sa part a laissé la bouteille d’eau d’Eléa dans son sac qui, elle, est passée sans problème. Rafaël est victime d’un contrôle aléatoire sans conséquence. Lucas quant à lui a été le lauréat des douanes pour avoir mis dans son sac à dos sa belle trousse de toilettes rouge et tous les liquides qu’elle contenait. Le pauvre, la mine déconfite, mais le sac bien allégé, a pu rejoindre les bleus.

L’embarquement nous attend.

Demain est un autre Schtroumpf

DR
 

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