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Chronique de DR - Jeudi 18 février

Publié le par Saintex

Jeudi 18 février

Un vent glacial souffle depuis Attawapiskat sur les rives englacées de la baie d’Hudson. Les sourcils et les cils gelés, enfouies depuis des heures sous une épaisse couverture de peau, deux jeunes filles endurent sans une plainte  les conditions extrêmes du grand nord canadien. Il fait – 30° C : à cette température, un crachat éclate avant même de toucher le sol. « Debout derrière elles, Jerry, le musher expérimenté guide ses bêtes avec calme. « Sacha, Sacha, à gôôche ! Allez, allez Sacha, ooh ! »

 L’animal, un huskie francophone qui ne comprend pas un traître mot de la langue de Shakespeare, obéit docilement et incline sa course dans la direction indiquée entraînant derrière lui le restant de la meute. Le nouveau chien de tête connait son affaire mais  Jerry le soupçonne non sans raison de simuler l’ignorance de l’anglais. Fichu québécois! Le traîneau fait une embardée quand le jeune mâle qui court au côté de Sacha commence à jouer et à gambader. Le musher presse du bout du pied sur le frein métallique qui plonge ses griffes dans la neige et la glace. L’attelage ralentit progressivement puis s’arrête. 

« Ok, combien d’étudiants encore ?» a demandé notre sympathique conducteur en aidant ses passagères à descendre. En arrière-plan, on distinguait l’architecture élégante de l’école Gisèle Lalonde et son parc de stationnement. Reconstitution grandeur nature du Grand nord qui a enthousiasmé nos jeunes stagiaires car l’illusion était presque parfaite : un froid vif –frisquet- diront les autochtones, une bise suffisamment cinglante à notre goût, huit chiens magnifiques, affectueux et joueurs, un espace blanc balayé par la neige que soulevaient les rafales d’un vent mordant -évidemment- … tout y était ! D’aucuns parmi nos jeunes gens ont d’ailleurs conclu qu’une journée entière de traineau à chiens dans un froid plus vif encore -un frette-, aurait pu s’avérer bien moins plaisant. Sacha s’élança pour la dernière virée blanche de la matinée en tirant derrière lui ses congénères et une Pauline radieuse.

Quelques minutes plus tard, nous accordions à ces braves chiens quelques caresses bien méritées, leur maître nous ayant expliqué que tourner pendant deux heures était pour ces chiens résistants et énergiques un exercice particulièrement «boring» !  Nous saluons et remercions Jerry qui a gentiment consenti à cette initiation un peu hors-norme et ce petit groupe de 12 élèves rejoint l’autre moitié de l’effectif qui revient des ateliers technologiques de l’école. Une clé USB moulée dans le bois et gravée à leur prénom a été offerte à chacun d’eux en souvenir de leur passage à l’école Gisèle Lalonde, Orléans, Canada.

En règle générale, les journées passées ensemble sont brèves car nos collégiens doivent être de retour à 15h30 pour reprendre le bus avec leur correspondant. Ce qui revient à dire que nos visites à Ottawa sont nécessairement d’une durée réduite puisqu’il faut reprendre le car vers 14h45…Celle du musée de la guerre, inauguré en 2005, se fit donc au pas de course d’autant plus que le l’autocar au curry nous déposa d’abord à la mauvaise adresse. 11h30, arrivée au musée, vestiaires et salle de bain, puis pique-nique à la cafétéria…12h15, nous commençons l’exploration de la section « première guerre mondiale », de très bonne facture, à la fois éducative et attrayante grâce à une muséographie de qualité. Reconstitution d’une tranchée-type, uniformes, champ de bataille, et en toute logique une présentation complète des combats pour la crête de Vimy qui fut la première victoire historique de l’armée canadienne mais au prix d’une terrible saignée dans ses rangs. A cette occasion, le prof d’histoire essaie de se remémorer son ancien métier.

13h15, rendez-vous avec deux guides qui nous feront découvrir la dimension commémorative de l’architecture novatrice de ce musée, thème un chouïa ambitieux pour nos petits mais qui retint ponctuellement leur attention. Marie J. et Alice C. n’ont pas aimé, mais alors pas aimé du tout, le chant du vent dans les poutrelles métalliques enregistré pendant la construction du bâtiment et diffusé en boucle dans la grande salle de la Régénération. Nous fîmes également un passage parmi les chars d’assaut et autres engins militaires avant de revenir à notre point de départ une  heure plus tard. Il restait juste assez de temps pour achever la présentation de la première guerre mondiale et survoler rapidement le conflit mondial suivant avant de rentrer.

A l’heure prévue, chacun retrouvait son alter ego canadien. Dans le car, il était question de match de volley, de magasinage, de hockey et de sorties diverses et variées au contenu assez obscur mais fort réjouissant selon toute apparence. Les profs, pour leur part, partaient en expédition dans les Laurentides loin au nord d’Ottawa à la recherche du castor sans queue et de gâteau aux dattes.

Ce fut une journée canine et historique.

A demain

DR

PS : il fut assez difficile de dissuader certaines élèves d’acheter un des chiens.

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V
<br /> quelle belle épopée pour nos jeunes collégiens ! que ce voyage et toutes les personnes qui en sont à l'origine , tous les canandiens qui les ont accueillis restent à jamais gravés dans leur mémoire<br /> . Pur bonheur que de vous lire tous les soirs, vous en photos tous les jours, meçi encore et encore<br /> Un grand merçi aussi à tous nos parents canadiens qui ont hé bergé nos enfants et leur ont fait découvrir mille choses et merçi à Wendy pour son souper d'un soir<br /> véro delfour<br /> <br /> <br />
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W
<br /> Cher DR,<br /> <br /> Quand comptez-vous publiez votre premiere oeuvre litteraire canadienne? Votre perspicacite et votre sens de l'humour me font "petter de rire", et vos chroniques nous manqueront.<br /> <br /> Demain c'est le depart...Triste pour les parents "temporaires" qui se sont fait un plaisir d'accueillir les jeunes marollais au sein de leur famille: le temps a passe beaucoup trop vite! Aux<br /> parents qui les accueilleront de l'autre cote de l'Atlantique: vos ados rentrent au bercail. Il faudra peut-etre leur pardonner pendant un certain temps l'usage excessif de certaines expressions<br /> apprises en sol franco-ontarien...<br /> <br /> Les jeunes Marollais du college Saint-Exupery qui ont pris part a l'aventure ont tous ete, sans exception, d'excellents ambassadeurs. Pour ce qui est des profs, chapeau a DR, JML et SA: vivre avec<br /> 24 ados 10 a 12 heures par jour, dans un territoire inconnu, sans jamais perdre ni sourire ni patience, faut le faire! "Good Job".<br /> <br /> <br /> Bon voyage de retour.<br /> <br /> <br />
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