Le musée des enfants amusés

Les visages sont souriants, les retrouvailles chaleureuses, les conversations animées ; nos blousons rouges sont tous là à l’exception de Dorian qui a été « apporté » pour trois jours par la famille de son correspondant dont le frère ainé participe à une joute de hockey non loin de Toronto. Nous avons tous eu une pensée attristée pour Dorian qui est ainsi privé de la visite du Musée de l’histoire du Canada. Le pauvre ! Dire qu’il n’aura en compensation que la visite de la métropole canadienne et des chutes du Niagara !

Tous nos blousons rouges ont leur blouson rouge ! Bravo à eux, l’exigence est bien passée. Tous ont leur boîte à lunch et une tenue légère pour la journée au musée. Tous ? Non ! Samy résiste encore et toujours à la consigne.

Il arrive sans le sac qu’il avait trainé derrière lui toute la journée la veille. « Ben, pourquoi ils ont tous un sac et pas moi ? » Bonne question cher Samy…

A sa décharge, il ne connaissait pas le programme du jour….puisqu’il avait oublié son carnet de voyage à la bibliothèque la veille et qu’il n’avait pas écouté les recommandations délivrées avant que chacun ne rentre dans sa famille canadienne.

Pas d’hymnes nationaux ce matin, nous nous éclipsons dès l’arrivée de notre autocar, ce fameux bus jaune des feuilletons américains. Nous avons un faible prononcé pour ces tubes de mayonnaise sur roues qui garantissent leur lot d’émotions. Demandez donc à Juliette de vous décrire son saut périlleux au premier trou de la chaussée ! Son grand cri puis son fou-rire quand elle s’est sentie décoller du siège sans rien avoir demandé à personne rappelle que ces véhicules sont dépourvus de véritables amortisseurs ou alors ils sont bien cachés. Comme de surcroit, le bus doit surmonter des tas de glace gelé, franchir les creux d’une chaussée parfois dégradée par les intempéries –il y en a parfois par ici- et que notre conductrice pilotait en rallye voici peu, vous comprendrez que nous goûtons alors pleinement aux joies d’une vie aventureuse.

Le Musée de l’histoire du Canada est en plein travaux de rénovation en vue du cent-cinquantenaire de la Confédération qui aura lieu en juillet prochain. Nous sommes attendus par un guide qui en 45 minutes nous fait (re)découvrir l’architecture du bâtiment et la grande galerie dédiée aux Premières nations de la côte Pacifique. Totems qui relatent l’histoire d’une famille, maisons longues en cèdre rouge, cérémonies des dons, outils et tissages, pirogues, chasse et pêche, le tour d’horizon est large. Les blousons rouges sont tous très attentifs et respectueux et répondent comme ils le peuvent aux questions de notre sympathique accompagnateur. La visite du musée se poursuit en autonomie. Nos collégiens, un QCM à la main, ont constitué les trois groupes définis lors de la préparation du séjour. Les Jaunes sont dans le sillage de madame Antonini, les Rouges suivent monsieur Legay et les Verts accompagnent monsieur Renault. Chacun possède son numéro personnel, ce qui nous permet de faire l’appel très rapidement. Cet exercice leur convient bien et nous n’avons pas besoin de les solliciter pour cela ; ils en prennent l’initiative dès que cesse une activité ou que nous quittons un lieu.

A l’heure du dîner, nous gagnons la boîte à bouffe, c’est-à-dire le local où les groupes peuvent pique-niquer pendant la visite du musée. Kassandre engage une conversation fondamentale : les baies bleues présentes dans les pâtisseries et les confitures ou consommées directement sont-elles des bleuets  comme l’affirme monsieur Legay qui s’y connait plus qu’en rongeurs ou des myrtilles comme le prétend fermement Kassandre ? L’affaire a été résolue par l’arbitrage de madame Antonini qui a goûté les fruits de Célestine : « des myrtilles » a-t-elle conclu.

Kassandre était ravie.

N’empêche que ce sont des bleuets.

Le repas est vite expédié et nous rejoignons le Musée des enfants qui offre l’occasion aux tout-petits comme aux plus grands de découvrir le monde en s’amusant. Nous savions le pari gagné d’avance ; nos collégiens, année après année, adorent cet endroit où l’on peut monter ensemble dans un autobus indien, faire du théâtre déguisé –Ah ! Célestine en roi-soleil et Leslie en présentatrice de spectacle ! – téléphoner d’une cabine téléphonique anglaise d’avant le Brexit (Naomi a essayé tous les combinés factices du musée !), s’habiller en capitaine de bateau tel Baptiste P, manœuvrer avec maestria une grue de déchargement de navire comme Roman, courir composter le passeport distribué à l’entrée un peu partout, entrée dans une pyramide en modèle réduit, visiter une librairie canadienne et un pavillon japonais….. Sans parler d’un nouvel atelier, le kaléidoscope destiné aux tout- tout-petits mais où certaines de nos demoiselles ont eu plaisir à se rendre !

A l’autre bout du musée Charline jase avec le personnel tandis qu’Anastasia surgissant d’une maison exotique s’exclame : « On reste ici longtemps ? Parce qu’on s’éclate vraiment ici ! »

Nathan, une serpillère sur la tête, a imité Kate Blanchett à la proue du navire dans la réplique d’une scène culte du cinéma mondial.  Dans le même esprit, Samantha, Leslie et Amélie Pr ont interprété la bande-son du film.

Baptiste P a récupéré une brosse à peinture et mime le ravalement d’une façade de maison (à bon entendeur !) alors que Samantha et Baptiste B ont successivement piloté une moto vintage à grande vitesse mais arrêtée. Eva, quant à elle, s’est assommée en sortant d’une vénérable Mini-Cooper. Malgré leur enthousiasme, nos 25 collégiens français se rassemblent rapidement. Clément, gentiment se propose de battre le rappel des quelques retardataires.

 Nous avons quelques minutes pour passer à la boutique. Les cadeaux, c’est important. Mais alors très important. Samy est bien embêté, il a oublié ses sous. Tous cherchent le souvenir original à rapporter et tous achèteront à peu près la même chose.  A 14h30, nous regagnons notre emblématique transport. Pendant le trajet, correction des QCM du matin. Signalons une perle calligraphique de Clément : « les tipis sont en peau de bisous ». Mignon, non ?

Sur le chemin du retour, la question suivante leur a été posée :

Nous : - Nous avons la possibilité de vous faire rentrer chez vous samedi matin par Air Canada si vous ne souhaitez pas rester plus longtemps.

Eux : - C’est vrai m’sieur ?

Nous (très sérieux) – oui, c’est dans le contrat passé avec Air canada.

Eux (unanimement) : - Nous, on ne part pas ! On reste ici !

Nathan :- De toute façon, moi je ne rentre pas du tout !

Chers parents, vous voilà prévenus !

A 15h15, nous sommes de retour. A 15h30, nos blousons rouges s‘égaient comme des rouges-gorges à la recherche de leur correspondant respectif. Nous le retrouverons lundi matin. Au programme de la soirée pour beaucoup d’entre eux, une partie de quilles…

Mais demain est une autre journée.

DR

Samy s’est acheté une conduite intérieure et s’est assis à l’avant du bus, son sachet à la main, le regard rivé sur la route. Il a tiré semble-t-il la leçon de sa malheureuse expérience

Comments

[Severine Malle]

Quelle journée riche. Impressionnant ce musée ou tout semble être immense.
Nos blousons rouges étaient à l'écoute durant la visite guidée et les ueux grands ouverts devant certaines sculptures.
Bon week end